Bienvenu font manoeuvrer un hélicoptère, mu par des ressorts. En 1808, essais de
vol par l'Autrichien Jacques Degen. En 1810, brochure de Deniau, de Nantes, où
les principes du " Plus lourd que l'air " sont posés. Puis, de 1811 à 1840, études et
inventions de Berblinger, de Vignal, de Sarti, de Dubochet, de Cagniard de Latour.
En 1842, on trouve l'Anglais Henson avec son système de plans inclinés et
d'hélices actionnées par la vapeur; en 1845, Cossus et son appareil à hélices
ascensionnelles; en 1847, Camille Vert et son hélicoptère à ailes de plumes; en
1852, Letur avec son système de parachute dirigeable, dont l'expérience lui coûta
la vie; en la même année, Michel Loup avec son plan de glissement muni de
quatre ailes tournantes; en 1853, Béléguic et son aéroplane mu par des hélices de
traction, Vaussin-Chardannes avec son cerf-volant libre dirigeable, Georges
Cauley avec ses plans de machines volantes, pourvues d'un moteur à gaz. De
1854 à1863, apparaissent Joseph Pline, breveté pour plusieurs systèmes aériens,
Bréant, Carlingford, Le Bris, Du Temple, Bright, dont les hélices ascensionnelles
tournent en sens inverse, Smythies, Panafieu, Crosnier, etc. Enfin, en 1863, grâce
aux efforts de Nadar, une Société du Plus lourd que l'air est fondée à Paris. Là les
inventeurs font expérimenter des machines dont quelques-unes sont déjà
brevetées : de Ponton d'Amécourt et son hélicoptère à vapeur, de la Landelle et
son système à combinaisons d'hélices avec plans inclinés et parachutes, de
Louvrié et son aéroscaphe, d'Esterno et son oiseau mécanique, de Groof et son
appareil à ailes mues par des leviers. L'élan était donné, les inventeurs inventent,
les calculateurs calculent tout ce qui doit rendre pratique la locomotion aérienne.
Bourcart, Le Bris, Kaufmann, Smyth, Stringfellow, Prigent, Danjard, Pomès et de la
Pauze, Moy, Pénaud, Jobert, Hureau de Villeneuve, Achenbach, Garapon,
Duchesne, Danduran, Parisel, Dieuaide, Melkisff, Forlanini, Brearey, Tatin,
Dandrieux, Edison, les uns avec des ailes ou des hélices, les autres avec des
plans inclinés, imaginent, créent, fabriquent, perfectionnent leurs machines
volantes qui seront prêtes à fonctionner le jour où un moteur d'une puissance
considérable et d'une légèreté excessive leur sera appliqué par quelque inventeur.
Que l'on pardonne cette nomenclature un peu longue. Ne fallait-il pas montrer tous
ces degrés de l'échelle de la locomotion aérienne au sommet de laquelle apparaît
Robur-le-Conquérant? Sans les tâtonnements, les expériences de ses devanciers,
l'ingénieur eût-il pu concevoir un appareil si parfait? Non, certes! Et, s'il n'avait que
dédains pour ceux qui s'obstinent encore à chercher la direction des ballons, il
tenait en haute estime tous les partisans du " Plus lourd que l'air ", Anglais,
Américains, Italiens, Autrichiens, Français, -- Français surtout, dont les travaux,
perfectionnés par lui, l'avaient amené à créer, puis à construire cet engin volateur,
l'Albatros, lancé à travers les courants de l'atmosphère.
" Pigeon vole! s'était écrié l'un des plus persistants adeptes de l'aviation.
" On foulera l'air comme on foule la terre! avait répondu un de ses plus acharnés
partisans.
-- A locomotive, aéromotive! " avait jeté le plus bruyant de tous, qui embouchait les
trompettes de la publicité pour réveiller l'Ancien et le Nouveau Monde.