Résignation
Quand les feux du soleil inondent la nature,
Quand tout brille à mes yeux et de vie et d'amour,
Si je vois une fleur qui s'ouvre, fraîche et pure,
Aux rayons d'un beau jour ;
Si des troupeaux joyeux bondissent dans la plaine,
Si l'oiseau chante au bois où je vais m'égarer,
Je suis triste et de deuil me sens l'âme si pleine
Que je voudrais pleurer.
Mais quand je vois sécher l'herbe de la prairie,
Quand la feuille des bois tombe jaune à mes pieds,
Quand je vois un ciel pâle, une rose flétrie
En rêvant je m'assieds.
Et je me sens moins triste et ma main les ramasse,
Ces feuilles, ces débris de verdure et de fleurs.
J'aime à les regarder, ma bouche les embrasse...
Je leur dis : O mes soeurs !
N'est−elle pas ma soeur cette feuille qui tombe,
Par un souffle cruel brisée avant le temps ?
Ne vais−je pas aussi descendre dans la tombe,
Aux jours de mon printemps ?
Peut−être, ainsi que moi, cette fleur expirante,
Aux ardeurs du soleil s'ouvrant avec transport,
Enferma dans son sein la flamme dévorante
Qui lui donna la mort.
Il le faut, ici−bas tout se flétrit, tout passe.
Résignation 2