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Préface sur le traité du vide
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Préface sur le traité du vide
Préface sur le traité du vide 3
Adaptation d'un texte électronique provenant de la Bibliothèque Nationale de France :
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Préface sur le traité du vide
Préface sur le traité du vide 5
Le respect que l'on porte à l'antiquité étant aujourd'hui à tel point, dans les matières où il doit avoir
moins de force, que l'on se fait des oracles de toutes ses pensées, et des mystères même de ses obscurités ;
que l'on ne peut plus avancer de nouveautés sans péril, et que le texte d'un auteur suffit pour détruire les plus
fortes raisons... ce n'est pas que mon intention soit de corriger un vice par un autre, et de ne faire nulle estime
des anciens, parce que l'on en fait trop.
Je ne prétends pas bannir leur autorité pour relever le raisonnement tout seul, quoique l'on veuille établir
leur autorité seule au préjudice du raisonnement... pour faire cette importante distinction avec attention, il faut
considérer que les unes dépendent seulement de la mémoire et sont purement historiques, n'ayant pour objet
que de savoir ce que les auteurs ont écrit ; les autres dépendent seulement du raisonnement, et sont
entièrement dogmatiques, ayant pour objet de chercher et découvrir les vérités cachées.
Celles de la première sorte sont bornées, d'autant que les livres dans lesquels elles sont contenues... c'est
suivant cette distinction qu'il faut régler différemment l'étendue de ce respect. Le respect que l'on doit avoir
pour...
dans les matières où l'on recherche seulement de savoir ce que les auteurs ont écrit, comme dans
l'histoire, dans la géographie, dans la jurisprudence, dans les langues et surtout dans la théologie, et enfin
dans toutes celles qui ont pour principe, ou le fait simple, ou l'institution divine ou humaine, il faut
nécessairement recourir à leurs livres, puisque tout ce que l'on en peut savoir y est contenu : d'où il est
évident que l'on peut en avoir la connaissance entière, et qu'il n'est pas possible d'y rien ajouter. S'il s'agit de
savoir qui fut premier roi des français, en quel lieu les géographes placent le premier méridien, quels mots
sont usités dans une langue morte, et toutes les choses de cette nature, quels autres moyens que les livres
pourraient nous y conduire ? Et qui pourra rien ajouter de nouveau à ce qu'ils nous en apprennent, puisqu'on
ne veut savoir que ce qu'ils contiennent ?
C'est l'autorité seule qui nous en peut éclaircir. Mais où cette autorité a la principale force, c'est dans la
théologie, parce qu'elle y est inséparable de la vérité, et que nous ne la connaissons que par elle : de sorte
que pour donner la certitude entière des matières les plus incompréhensibles à la raison, il suffit de les faire
voir dans les livres sacrés, comme, pour montrer l'incertitude des choses les plus vraisemblables, il faut
seulement faire voir qu'elles n'y sont pas comprises ; parce que ses principes sont au−dessus de la nature et
de la raison, et que, l'esprit de l'homme étant trop faible pour y arriver par ses propres efforts, il ne peut
parvenir à ces hautes intelligences s'il n'y est porté par une force toute−puissante et surnaturelle. Il n'en est
pas de même des sujets qui tombent sous les sens ou sous le raisonnement : l'autorité y est inutile ; la raison
seule a lieu d'en connaître. Elles ont leurs droits séparés : l'une avait tantôt tout l'avantage ; ici l'autre règne
à son tour. Mais comme les sujets de cette sorte sont proportionnés à la portée de l'esprit, il trouve une liberté
tout entière de s'y étendre : sa fécondité inépuisable produit continuellement, et ses inventions peuvent être
tout ensemble sans fin et sans interruption...
c'est ainsi que la géométrie, l'arithmétique, la musique, la physique, la médecine, l'architecture, et toutes
les sciences qui sont soumises à l'expérience et au raisonnement, doivent être augmentées pour devenir
parfaites. Les anciens les ont trouvées seulement ébauchées par ceux qui les ont précédés ; et nous les
Préface sur le traité du vide
Préface sur le traité du vide 6
laisserons à ceux qui viendront après nous en un état plus accompli que nous ne les avons reçues. Comme
leur perfection dépend du temps et de la peine, il est évident qu'encore que notre peine et notre temps nous
eussent moins acquis que leurs travaux, séparés des nôtres, tous deux néanmoins joints ensemble doivent
avoir plus d'effet que chacun en particulier.
L'éclaircissement de cette différence nous doit faire plaindre l'aveuglement de ceux qui rapportent la
seule autorité pour preuve dans les matières physiques, au lieu du raisonnement ou des expériences, et nous
donner de l'horreur pour la malice des autres, qui emploient le raisonnement seul dans la théologie, au lieu de
l'autorité de l'écriture et des pères. Il faut relever le courage de ces timides qui n'osent rien inventer en
physique, et confondre l'insolence de ces téméraires qui produisent des nouveautés en théologie. Cependant le
malheur du siècle est tel qu'on voit beaucoup d'opinions nouvelles en théologie, inconnues à toute l'antiquité,
soutenues avec obstination et reçues avec applaudissement ; au lieu que celles qu'on produit dans la
physique, quoique en petit nombre, semblent devoir être convaincues de fausseté dès qu'elles choquent tant
soit peu les opinions reçues : comme si le respect qu'on a pour les anciens philosophes était de devoir, et que
celui que l'on porte aux plus anciens des pères était seulement de bienséance ! Je laisse aux personnes
judicieuses à remarquer l'importance de cet abus qui pervertit l'ordre des sciences avec tant d'injustice ; et je
crois qu'il y en aura peu qui ne souhaitent que cette (...) s'applique à d'autres matières, puisque les inventions
nouvelles sont infailliblement des erreurs dans les matières que l'on profane impunément ; et qu'elles sont
absolument nécessaires pour la perfection de tant d'autres sujets incomparablement plus bas, que toutefois on
n'oserait toucher.
Partageons avec plus de justice notre crédulité et notre défiance, et bornons ce respect que nous avons
pour les anciens. Comme la raison le fait naître, elle doit aussi le mesurer ; et considérons que, s'ils fussent
demeurés dans cette retenue de n'oser rien ajouter aux connaissances qu'ils avaient reçues, ou que ceux de
leur temps eussent fait la même difficulté de recevoir les nouveautés qu'ils leur offraient, ils se seraient privés
eux−mêmes et leur postérité du fruit de leurs inventions.
Comme ils ne se sont servis de celles qui leur avaient été laissées que comme de moyens pour en avoir
de nouvelles, et que cette heureuse hardiesse leur avait ouvert le chemin aux grandes choses, nous devons
prendre celles qu'ils nous ont acquises de la même sorte, et à leur exemple en faire les moyens et non pas la
fin de notre étude, et ainsi tâcher de les surpasser en les imitant.
Car qu'y a−t−il de plus injuste que de traiter nos anciens avec plus de retenue qu'ils n'ont fait ceux qui
les ont précédés, et d'avoir pour eux ce respect inviolable qu'ils n'ont mérité de nous que parce qu'ils n'en ont
pas eu un pareil pour ceux qui ont eu sur eux le même avantage ? ...
les secrets de la nature sont cachés ; quoiqu'elle agisse toujours, on ne découvre pas toujours ses
effets : le temps les révèle d'âge en âge, et quoique toujours égale en elle−même, elle n'est pas toujours
également connue.
Les expériences qui nous en donnent l'intelligence multiplient continuellement ; et, comme elles sont
les seuls principes de la physique, les conséquences multiplient à proportion.
C'est de cette façon que l'on peut aujourd'hui prendre d'autres sentiments et de nouvelles opinions sans
mépris et (...) sans ingratitude, puisque les premières connaissances qu'ils nous ont données ont servi de
degrés aux nôtres, et que dans ces avantages nous leur sommes redevables de l'ascendant que nous avons sur
eux ; parce que, s'étant élevés jusques à un certain degré où ils nous ont portés, le moindre effort nous fait
monter plus haut, et avec moins de peine et moins de gloire nous nous trouvons au−dessus d'eux. C'est de là
que nous pouvons découvrir des choses qu'il leur était impossible d'apercevoir. Notre vue a plus d'étendue, et,
quoiqu'ils connussent aussi bien que nous tout ce qu'ils pouvaient remarquer de la nature, ils n'en
connaissaient pas tant néanmoins, et nous voyons plus qu'eux.
Préface sur le traité du vide
Préface sur le traité du vide 7
Cependant il est étrange de quelle sorte on révère leurs sentiments. On fait un crime de les contredire et
un attentat d'y ajouter, comme s'ils n'avaient plus laissé de vérités à connaître.
N'est−ce pas indignement traiter la raison de l'homme, et la mettre en parallèle avec l'instinct des
animaux, puisqu'on en ôte la principale différence, qui consiste en ce que les effets du raisonnement
augmentent sans cesse, au lieu que les autres demeurent toujours dans un état égal ? Les ruches des abeilles
étaient aussi bien mesurées il y a mille ans qu'aujourd'hui, et chacune d'elles forme cet hexagone aussi
exactement la première fois que la dernière. Il en est de même de tout ce que les animaux produisent par ce
mouvement occulte. La nature les instruit à mesure que la nécessité les presse ; mais cette science fragile se
perd avec les besoins qu'elles en ont. Comme ils la reçoivent sans étude, ils n'ont pas le bonheur de la
conserver ; et toutes les fois qu'elle leur est donnée, elle leur est nouvelle, puisque, la nature n'ayant pour
objet que de maintenir les animaux dans un ordre de perfection bornée, elle leur inspire cette science
nécessaire toujours égale, de peur qu'ils ne tombent dans le dépérissement, et ne permet pas qu'ils y ajoutent,
de peur qu'ils ne passent les limites qu'elle leur a prescrites. Il n'en est pas de même de l'homme, qui n'est
produit que pour l'infinité. Il est dans l'ignorance au premier âge de sa vie ; mais il s'instruit sans cesse dans
son progrès : car il tire avantage non seulement de sa propre expérience, mais encore de celle de ses
prédécesseurs, parce qu'il conserve toujours dans sa mémoire les connaissances qu'il s'est une fois acquises, et
que celles des anciens lui sont toujours présentes dans les livres qu'ils en ont laissés. Et comme il conserve
ces connaissances, il peut aussi les augmenter facilement ; de sorte que les hommes sont aujourd'hui en
quelque sorte dans le même état où se trouveraient ces anciens philosophes, s'ils pouvaient avoir vieilli
jusques à présent, en ajoutant aux connaissances qu'ils avaient celles que leurs études leur auraient pu
acquérir à la faveur de tant de siècles. De là vient que, par une prérogative particulière, non seulement chacun
des hommes s'avance de jour en jour dans les sciences, mais que tous les hommes ensemble y font un
continuel progrès à mesure que l'univers vieillit, parce que la même chose arrive dans la succession des
hommes que dans les âges différents d'un particulier. De sorte que toute la suite des hommes, pendant le
cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme qui subsiste toujours et qui apprend
continuellement : d'où l'on voit avec combien d'injustice nous respectons l'antiquité dans ses philosophes ;
car, comme la vieillesse est l'âge le plus distant de l'enfance, qui ne voit que la vieillesse dans cet homme
universel ne doit pas être cherchée dans les temps proches de sa naissance, mais dans ceux qui en sont les
plus éloignés ? Ceux que nous appelons anciens étaient véritablement nouveaux en toutes choses, et
formaient l'enfance des hommes proprement ; et comme nous avons joint à leurs connaissances l'expérience
des siècles qui les ont suivis, c'est en nous que l'on peut trouver cette antiquité que nous révérons dans les
autres. Ils doivent être admirés dans les conséquences qu'ils ont bien tirées du peu de principes qu'ils avaient,
et ils doivent être excusés dans celles où ils ont plutôt manqué du bonheur de l'expérience que de la force du
raisonnement.
Car n'étaient−ils pas excusables dans la pensée qu'ils ont eue pour la voie de lait, quand, la faiblesse de
leurs yeux n'ayant pas encore reçu le secours de l'artifice, ils ont attribué cette couleur à une plus grande
solidité en cette partie du ciel, qui renvoie la lumière avec plus de force ?
Mais ne serions−nous pas inexcusables de demeurer dans la même pensée, maintenant qu'aidés des
avantages que nous donne la lunette d'approche, nous y avons découvert une infinité de petites étoiles, dont la
splendeur plus abondante nous a fait reconnaître quelle est la véritable cause de cette blancheur ?
N'avaient−ils pas aussi sujet de dire que tous les corps corruptibles étaient renfermés dans la sphère du
ciel de la lune, lorsque durant le cours de tant de siècles, ils n'avaient point encore remarqué de corruptions ni
de générations hors cet espace ? Mais ne devons−nous pas assurer le contraire, lorsque toute la terre a vu
sensiblement des comètes s'enflammer et disparaître bien loin au−delà de cette sphère ?
C'est ainsi que, sur le sujet du vide, ils avaient droit de dire que la nature n'en souffrait point, parce que
toutes leurs expériences leur avaient toujours fait remarquer qu'elle l'abhorrait et ne le pouvait souffrir.
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Mais si les nouvelles expériences leur avaient été connues, peut−être auraient−ils trouvé sujet d'affirmer
ce qu'ils ont eu sujet de nier par là que le vide n'avait point encore paru. Aussi, dans le jugement qu'ils ont fait
que la nature ne souffrait point de vide, ils n'ont entendu parler de la nature qu'en l'état où ils la
connaissaient ; puisque, pour le dire généralement, ce ne serait assez de l'avoir vu constamment en cent
rencontres différentes, ni en mille, ni en tout autre nombre, quelque grand qu'il soit ; puisque, s'il restait un
seul cas à examiner, ce seul suffirait pour empêcher la définition générale, et si un seul était contraire, ce
seul...
car dans toutes les matières dont la preuve consiste en expériences et non en démonstrations, on ne peut
faire aucune assertion universelle que par la générale énumération de toutes les parties ou de tous les cas
différents. C'est ainsi que, quand nous disons que le diamant est le plus dur de tous les corps, nous entendons
de tous les corps que nous connaissons, et ne pouvons ni ne devons y comprendre ceux que nous ne
connaissons point ; et quand nous disons que l'or est le plus pesant de tous les corps, nous serions téméraires
de comprendre dans cette proposition générale ceux qui ne sont point encore en notre connaissance, quoiqu'il
ne soit pas impossible qu'ils soient en nature.
De même quand les anciens ont assuré que la nature ne souffrait point de vide, ils ont entendu qu'elle
n'en souffrait point dans toutes les expériences qu'ils avaient vues, et ils n'auraient pu sans témérité y
comprendre celles qui n'étaient pas en leur connaissance. Que si elles y eussent été, sans doute ils auraient tiré
les mêmes conséquences que nous et les auraient par leur aveu autorisées de cette antiquité dont on veut faire
aujourd'hui l'unique principe des sciences.
C'est ainsi que, sans les contredire, nous pouvons assurer le contraire de ce qu'ils disaient et, quelque
force enfin qu'ait cette antiquité, la vérité doit toujours avoir l'avantage, quoique nouvellement découverte,
puisqu'elle est toujours plus ancienne que toutes les opinions qu'on en a eues, et que ce serait en ignorer la
nature de s'imaginer qu'elle ait commencé d'être au temps qu'elle a commencé d'être connue.
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