n' y a du grand, du sublime, de
l' héroïque que dans ces grands
maîtres de l' art, ces modéles du
bel esprit et de la parfaite composition ?
Y trouve-t-on la restitution
de quelque endroit corrompu
d' Eschyle, de Sophocles,
d' Aristophanes ? Y explique-t-on
la façon des souliers des macédoniens,
de quelle maniere étoient
faits les gands des grecs et des
romains, comment les babiloniens
ouvroient et fermoient leurs
portes ? Y a-t-il des remarques
sur la musique des egyptiens et
sur la maniere de danser des hébreux ?
Si toutes ces choses n' y
sont pas, quelles lumieres en peut-on
tirer pour former l' esprit ? Non,
tout cela n' y est pas et même n' y
doit pas être ; mais ce sont des
livres faits avec beaucoup d' art,
tels que les plus agréables génies
de l' antiquité les auroient composés,
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s' ils avoient été de nos jours ;
ainsi on y aprend à penser noblement
de chaque chose. On y remarque,
avant que d' entrer dans
le monde, tous les caracteres d' esprit
avec lesquels on peut avoir
un jour à vivre ; sans en rien dire,
on y fait faire attention à cette
douceur de caractere, à cet esprit
liant qui fait l' agrément de la societé ;
on voit par les entretiens
qui s' y lisent de quelle maniere il
faut converser dans le monde ; on
y fait connoître les défauts qui
peuvent troubler la societé, les
qualités par lesquelles on peut se
rendre agréable à ses amis, à ses
égaux, à ses supérieurs, et comment
on peut sagement s' attirer
les respects de ses inférieurs ; on y
découvre des gens polis, civils,
agréables, fort differens de ceux
qu' on a vû dans les colleges ; on
y remarque des hommes sages et
raisonnables, tels qu' on ne les trouve