la main à sa cabane, elle partage avec lui sa couche et son malheur;
à quelques temps de là, ils découvrent un navire, le malheureux vendit sa
bienfaitrice, et comme elle lui criait [en pleurant], fondant en larmes,
qu'il [épargnât] prît pitié de son enfant, il dit au capitaine: "l'entendez-vous,
elle est grosse, tant de plus."
La loi politique, plus cruelle, vend la femme et son fruit qui n'est pas
elle, la vend sans retour, la première pouvait inspirer de la compassion.
Nous sommes tous malheureux, nous nous plaignons tous de notre sort,
mais nous [voulons conserver] ne voulons rien perdre de notre empire,
et c'est cet empire qui nous rend malheureux.
Nul ne doit commander sur la terre, toute puissance est illégitime, aucun
sexe ne doit être au-dessus de l'autre; dans l'île Formose, l'homme prend
le nom de sa femme et entre dans sa famille, ailleurs c'est le contraire, au
Japon et à la Chine, la femme légitime est celle que donne l'empereur, celle
que choisit l'amour est une esclave et ses enfants ne connaissent pour mère
que la première. Certains peuples de l'antiquité, au rapport de Pomponius
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Mela, déterminaient les mariages par la ressemblance, en Europe, le mariage
est une affaire des moeurs, ce qui est étranger à mon sujet, mais chacun des
époux contracte avec la loi et engage sa propriété.
La nature du mariage est que l'homme et la femme s'unissent librement,
et engagent leur possession, à la même condition et tant qu'il leur plaira.
Une difficulté se présente, c'est le sort des enfants, [mais ils n'engagent
que les biens des] tout va se ployer de soi-même au principe.
Je ne brise pas les liens de la société, mais la société a brisé tous ceux de
la nature, je ne cherche point à établir des nouveautés, mais à détruire les
nouveautés elles-mêmes, je n'en veux point à la vérité mais à l'erreur.
J'ai dit que les deux sexes avaient une règle particulière mais indépendante,
cette règle n'est point le rapport des [deux sexes] époux entre eux,
mais les rapports des époux avec les enfants, ou la succession.
Dans les sociétés où le mariage est indissoluble, la femme doit nécessairement
tomber dans la dépendance de son époux, parce que sa liberté ferait
partager à l'adultère la possession qui n'est point [pour] à lui.
Je ne veux point parler du pouvoir paternel et de la dépendance filiale
par rapport à l'état domestique, je dois seulement expliquer comment la
possession des auteurs devient celle de l'enfant.
Comme l'enfant succède, la possession du père et de la mère est
la sienne à l'instant où elle cessera d'être la leur.
Celui qui vend sa possession et la mange ne ravit point à ses enfants leur
possession. Il en dispose pour lui-même, elle est la sienne avant d'être la
leur; s'il en dispose au profit d'autrui, il a aliéné celle de ses enfants.
On voit par là que l'hérédité est de droit et que la science des testaments
est contre nature, sinon pour celui qui n'a point d'héritier possesseur.
Les contrats qui lient les liens en faveur des enfants sont dans la nature
même de la succession, mais il n'est pas besoin pour que les enfants
succèdent que les époux soient liés eux-mêmes.
Le père a un autre rapport avec ses enfants, c'est que leur possession ne
soit point partagée par un adultère, ainsi tant que les époux n'ont point
rompu leur société civile, la femme dépend de sa promesse, l'adultère est
un crime, crime d'autant plus affreux qu'il est permis de se quitter.